Vraiment amusant, cet opus de Mme Von Arnim. Le style et surtout la causticité sont moins affutés que dans "En caravane", mais il y a déjà derrière le babil gentillet qui compose la plus grande partie de ce livre, comme une vraie critique de cette société Allemande, et presque un début de subversion (on est en 1898, chapeau).
D’abord par une prise de pouvoir sur un territoire, le jardin, dans lequel Elizabeth s’arroge le droit de commander. Au personnel, masculin, à la nature, en recréant un jardin Anglais, et finalement aux autres, qu’elle juge en fonction de la façon dont ils comprennent ce jardin.
Un territoire qui est aussi un échappatoire, qui lui évite la vie sociale stérile, telle qu’elle se devrait de la vivre. On en est pas encore à la critique de "En caravane", mais on y vient. Un moyen de montrer à quelques connaisseurs que toute femme qu’elle soit, elle peut mener à bien une création.
Et ensuite parce qu’elle brise, mais de façon plus secrète, toutes les convenances qui l’ennuient. Au point de dire, à un moment, qu’un Eden solitaire est un double Eden. Sartre, 50 ans plus tard, le formule un peu différemment, mais avec une référence toute aussi religieuse.
Et probablement aussi, des convenances plus intimes, dont elle ne fait qu’effleurer, par pudeur, les rares choses qui peuvent être dites.
Et le tout, en nous racontant la vie de son jardin, les peines qu’elle a à trouver la bonne façon de faire pousser les roses thé.
Au collège et au lycée, on m’a demandé de lire tout un tas de classiques, dont beaucoup sont effectivement de bons livres. Mais quel regret de n’avoir pas connu plus tôt cette auteur. Et, Gaiette, va falloir que tu refasses des posts, je suis bientôt arrivé au bout de tes conseils éclairés.
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