Des gens très bien
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Alexandre est le petit-fils de Jean, le Nain Jaune, le grand homme adulé de tous dans la famille, magnifié par son fils.
Mais le Nain Jaune était le Chef de Cabinet de Laval, sous Vichy. Et son rôle ne pouvait pas être contenu dans les étroites limites d’une obéissance administrative. DirCab, on dirige. La prise de conscience est rude, pour faire la part entre ADN, légende familiale, et réalité historique.
Il y eût d’abord ces quelques mots entendus alors qu’on aurait pas du : la petite Juive. Puis ces demi aveux de Soko, l’ex camarade des histoires glauques, la caution réciproque de l’appartenance au camp des bons. Et surtout, au Lycée, l’intelligence de Zac, érudit et fin, mais intransigeant.
Car il faut bien le reconnaitre, si Jean Jardin était bien le séducteur policé que son fils à décrit, son antisémitisme ne fait pas doute. Les preuves s’accumulent, pour qui sait les lire : ses écrits, archivés dans des cartons jamais ouverts par la famille, ses fréquentations, toutes à la limite, mais du mauvais côté, et même Mitterrand, qui lui reconnut des torts, mais des excuses. La famille, elle, ne veut rien entendre. Pire, elle adule et place sur un piédestal l’ignominie du Grand-Père, pour mieux la cacher.
Mais il y a pire : être un Jardin, petit-fils du Nain Jaune, c’est avoir des relations qui vous reconnaissent, qui reconnaissent en vous celui qui "en est", de cette pâte, mélange détestable de culture et d’ignominie puante, mais bien élevée. Pour survivre, il faut essayer de réparer. Cultiver par la lecture, pour enjuiver la France, en la transformant en nation du livre.
Alors la question reste : comment a-t-il pu ? Comment pouvait il ne pas savoir, ne pas avoir voulu savoir. Répondre à cette question nécessite d’aller chercher la réponse chez les protagonistes de cette époque, quoi qu’il en coûte. Découvrir que le nazisme était vécu comme un espoir, l’espoir d’un renouveau gai et insouciant, créateur de futur qui chante. Comme d’ailleurs tous les systèmes hégémoniques, passés et présents, qu’ils soient de type sectaire, politique ou religieux.
Et pour finir, découvrir qu’on pourra peut-être, un jour, faire la paix avec cette famille, ce creuset dont on est issu, même si on s’est construit par opposition.
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