Les hirondelles de Kaboul
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Paru en 2002, ce roman écrit par Yasmina Khadra - de son vrai nom Mohammed Moulessehoul - vise à dénoncer l’état dans lequel se trouve le peuple afghan depuis l’arrivée au pouvoir des Taliban.
Dans un Kaboul caniculaire, l’ennui, la peur et le désespoir accompagnent chaque jour les héros de cette histoire. L’ambiance générale transpire le malheur, la pauvreté, le retour vers un passé moyenâgeux. Ce roman basé sur des destins croisés rend donc compte de la vie quotidienne des habitants de Kaboul sous le régime taliban. Deux hommes sont au cœur de l’intrigue, Atiq et Mohsen.
Mohsen rêvait de modernité, son épouse Zunaira était avocate et elle se retrouve obligée à ne plus rien faire et à se cacher sous son tchadri pour sortir de chez elle, ce qui rend fou de honte son mari, qui n’ose pas se révolter face à la violence meurtrière des Taliban. Il se rend compte qu’il commence à basculer dans la folie le jour où il participe à une exécution publique, lançant des pierres sur une femme arbitrairement condamnée à mort. Atiq, ancien combattant reconverti en geôlier, a la lourde tâche de garder les condamnés à mort pendant leurs derniers jours, avant de les livrer à leurs tortionnaires qui les exécutent en public ou qui les livrent à la foule pour qu’ils se fassent lapider. D’autre part, sa femme Mussarat est gravement malade. Cette situation le rend fou petit à petit lui aussi, car il est totalement impuissant.
Les destins des deux hommes se croisent régulièrement dans Kaboul jusqu’à se heurter de façon définitive, dans une explosion qui ne peut être que dramatique. Suite à une dispute entre époux, le mari de Zunaira a glissé sur un carafon et sa tête a heurté une saillie dans la paroi. Mohsen est mort, Zunaira est aussitôt condamnée à mort, et se retrouve sous la surveillance d’Atiq. Elle enlève son voile dans sa cellule, et Atiq tombe amoureux d’elle dès la première fois où il fois son merveilleux visage. La femme d’Atiq, Mussarat, se rend très vite compte que son mari est tombé amoureux. Pour lui prouver son amour, alors qu’il ne lui reste que très peu de temps à vivre, elle propose de prendre la place de la condamné à mort sous la burqa, afin qu’Atiq et Zunaira puissent s’enfuir et tenter d’être heureux. Atiq accepte finalement, et il fait croire à Zunaira qu’elle est libérée, qu’il s’agissait d’une erreur judiciaire. Mais, après l’exécution publique à laquelle ils doivent assister dans un stade de la ville, Zunaira n’attend pas Atiq à la sortie, comme il le lui avait demandé. Alors celui-ci devient définitivement fou, la cherchant dans tout Kaboul, croyant la voir sous chaque tchadri qu’il rencontre. Il importune des passantes, les attrapant par le bras, leur demandant de soulever leur voile, les appelant toutes Zunaira, puis il passe à la vitesse supérieure et arrache les voiles de toutes les femmes qu’il rencontre, les jetant au sol si celles-ci résistent. Il finira lynché par la foule ou condamné à mort, ce qui revient au même.
Mais cette fin tragique semble presque le soulager. Car peut-on dire que la vie vaut le coup d’être vécue, dans un pays où le fanatisme et l’obscurantisme dirigent tout ?
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