J’ai lu diverses critiques, sur le net, dont celle-ci, qui m’a fait changer d’avis sur cet opus.
J’allais vous écrire qu’Amélie s’était, pour moi, perdue dans les méandres d’une écriture qui ne connait plus qu’elle même comme objet (l’écriture, hein), sans fond. Une forme, certes admirable et percutante, mais désertée par l’objet qu’elle est sensée porter : un sens.
Et puis, cette critique, qui décèle quelque chose dans cet opus. Alors, j’ai laissé le neurone (il m’en reste peu, alors pas plus d’un) faire son travail, quelques temps. Et tudieu, c’est vrai qu’il y a des choses, dans cet opus.
En premier lieu, quelque chose comme une affirmation de la difficulté à se nourrir. "Biographie de la faim", Amélie se demande comment vivre. Dans cette "forme de vie", elle demande ce qu’est manger. Une drogue, un moyen de relation aux autres, un besoin. en prenant l’exemple d’un obèse américain, totalement coupé du monde, qui ne retrouve sa dignité qu’à travers l’écrit, Mme Nothomb continue le parallèle entre les nourritures matérielles et spirituelles.
C’est donc encore d’elle qu’elle parle : elle se dit anorexique mais boulimique d’écrit, elle écrit sur un autre être, boulimique mais anorexique d’écrit pendant 10 ans. Leur rencontre pourrait être explosive, ou ratée. Elle n’aura donc pas lieu, car cela serait le chemin vers un équilibre qu’elle ne cherche pas.
Et par là, un deuxième message, vers tous. Un peu comme une bouteille à la mer : "cessez donc de ne voir en nous (moi) que des points d’accroche vous permettant de glaner quelques avantages, reconnaissez nous (moi) comme un être humain, et aimez moi". Baste, direz vous. A. Nothomb, tenir un tel discours ?
Je me trompe probablement. Mais ce serait dans la continuité des derniers opus. On verra avec le prochain livre.
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